Ferro-Lyon

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Histoire de la ligne

Publié le 27-02-2007 à 22h33 (mis à jour le 14-08-2017 à 12h47.)

Depuis 1862, le funiculaire entre la rue Terme et la Croix-Rousse permet de relier le bas de la presqu’île au plateau. Toutefois, l’accès à ce funiculaire nécessite de monter la rue Terme en forte pente. En 1882, l’idée d’un nouveau funiculaire reliant le bas de la Presqu’île côté Rhône au plateau de la Croix-Rousse se fait jour. Partant de plus bas, il serait plus facile d’accès pour le transport des marchandises. Naturellement, la Compagnie du chemin de fer de Lyon à la Croix-Rousse, concessionnaire du funiculaire existant, ne voit pas d’un bon œil cette idée et s’active discrètement en coulisse pour en retarder l’exécution. Toutefois, les élus lyonnais décident de faire aboutir le dossier. Six projets sont finalement présentés au conseil municipal de Lyon respectivement par :

  • Monsieur Servoz qui propose une ligne de funiculaire à voie unique, avec évitement central, réservée au transport des voyageurs, partant de la place Croix-Paquet et aboutissant sur le boulevard de la Croix-Rousse à l’angle de la rue Vaucanson ;
  • Monsieur Oisan-Chapon qui propose une ligne de funiculaire à double voie, ouverte au transport des voyageurs, des marchandises et des véhicules, partant de la place Croix-Paquet et aboutissant sur le boulevard de la Croix-Rousse à l’angle de la rue Vaucanson ;
  • Monsieur Grivet qui propose une ligne de funiculaire à double voie, ouverte au transport des voyageurs, des marchandises et des véhicules, partant de la place de la Comédie et aboutissant sur le boulevard de la Croix-Rousse à l’angle de la rue Vaucanson ;
  • Monsieur Lombard-Gerin qui propose une ligne de tramway funiculaire (câble-car) à écartement métrique et partiellement à double voie, ouverte au transport des voyageurs et des marchandises légères, partant de la place Tolozan et passant par la rue des Feuillants, traversant le jardin du Grand Séminaire par un viaduc pour rejoindre la montée Saint-Sébastien qu’elle suit jusqu’au boulevard de la Croix-Rousse à l’angle de la rue Vaucanson ;
  • Monsieur Peillon qui propose une ligne de funiculaire à voie unique, avec évitement central, ouverte au transport des voyageurs, des marchandises et des véhicules, totalement souterraine entre la place Tolozan à la rue de Belfort ;
  • La Compagnie du chemin de fer de Lyon à la Croix-Rousse qui propose une ligne de funiculaire à double voie, ouverte au transport des voyageurs, des marchandises et des véhicules, partant de la place Croix-Paquet et aboutissant sur le boulevard de la Croix-Rousse à l’angle de la rue Vaucanson.

La demande de concession retenue par le conseil municipal de Lyon lors de sa séance du 12 août 1885 est celle de l’ingénieur Augustin Oisan-Chapon appuyé par l’investisseur Antonin Poy. Le but est d’établir un funiculaire d’environ 400 mètres de longueur au Sud-Est des pentes entre le jardin public du Grand Séminaire et le boulevard de la Croix-Rousse à proximité de son carrefour avec la rue Vaucanson. La concession est formellement approuvée lors de la séance du conseil municipal du 27 octobre 1885. Le 24 décembre 1887 une loi déclare la ligne d’utilité publique et approuve sa concession jusqu’au 24 décembre 1962. Le projet définitif est approuvé par arrêté préfectoral le 18 février 1889. Le chantier débute la même année par le percement du tunnel. Au cours des travaux d’excavation fut trouvé un rocher en quartzite triasique métamorphique, transporté depuis les Alpes par les glaciers pendant l’ère du Riss, désormais exposé à l’extrémité Est du boulevard de la Croix-Rousse et connu sous le nom de « Gros Caillou ». Le creusement du tunnel s’avère toutefois délicat car le terrain manque de cohérence.

Les frais de première installation de la ligne, entre le creusement du tunnel la construction des gares et l’équipement de la ligne ainsi que la fourniture du matériel roulant se sont montés à 2,3 millions de francs.

Le 3 septembre 1890 Antonin Poy et ses associées créent la Compagnie du chemin de fer de Lyon-Croix-Paquet à Lyon-Croix-Rousse. Mais la Compagnie conteste des droits d’enregistrement liés au transfert de la concession jusque devant le Conseil d’État qui lui donnera tort dans un arrêté du 24 avril 1893. La substitution est finalement approuvée par un décret le 8 février 1896.

Cette ficelle concurrence dès son ouverture, le 12 avril 1891, le funiculaire de la rue Terme par son tarif attractif de 1 sou (au lieu de 2 chez le concurrent). La concurrence à la ficelle de la rue Terme se prolonge aussi sur la ligne de Lyon Croix-Rousse à Sathonay concédée à la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et la Méditerranée, car dès 1897 est mis en service une ligne de tramway en direction de Caluire, puis ultérieurement des Marronniers, dont le terminus est à côté de la gare haute de cette nouvelle ficelle. La compagnie concessionnaire de ce nouveau tramway est officiellement indépendante de l’exploitation de la ficelle, mais les actionnaires des deux sociétés sont en grande partie les mêmes.

Toutefois, au début du XXe siècle, il est évident que la ficelle et le tramway la prolongeant ne peuvent que végéter s’ils ne sont pas inclus dans un ensemble plus vaste. Ceci d’autant que la concurrence s’accroît avec dès 1905 la mise en service par la Compagnie des Omnibus et Tramways de Lyon (OTL) de la ligne 13 du tramway qui relie directement Perrache au boulevard de la Croix-Rousse. À cette même période, l’OTL devient officiellement l’exploitant du funiculaire de la rue Terme. Le funiculaire de Croix-Paquet et le tramway des Marronniers constituent donc une enclave sur le territoire de la puissante compagnie. L’occasion de rachat se présente en 1912. Le gouverneur militaire exprime alors le souhait qu’une liaison directe soit possible entre Perrache et le camp militaire de Sathonay. Cela nécessite la mise à voie normale de la ligne du tramway entre la Croix-Rousse et les Marronniers. L’OTL considère que cette transformation ne peut que passer par un rachat de la Compagnie du chemin de fer de Lyon-Croix-Paquet à Lyon-Croix-Rousse. Les deux compagnies entrent en pourparlers et successivement les 6 et 10 avril 1912 font part au préfet de leur accord. Au terme de la procédure administrative, le 20 juin 1914 un décret approuve le rachat par l’OTL de la ficelle, de la ligne de tramway des Marronniers ainsi que sa mise à voie normale, et l’intégration de l’ensemble dans le réseau de la compagnie. Ce même décret prolonge la concession jusqu’au 13 avril 1981.

Rame de la ficelle quittant la gare des Croix-Paquet en 1963 (CC-by-sa, jhm0284)

Rame de la ficelle quittant la gare de Croix-Paquet en 1963. Photo : CC-by-sajhm0284.

Comme le reste du réseau de l’OTL, la ligne devient propriété du Syndicat des Transports en Commun de la Région Lyonnaise (TCRL) au 1er janvier 1941. Ce dernier délègue alors l’exploitation par affermage à l’OTL.

Dès le début des années 1960, le syndicat des TCRL s’interroge sur l’avenir de cette ligne aux équipements vieillissants. Il semble alors pertinent, dans l’éventualité de la construction du métro auquel elle pourrait donner correspondance, de la rénover complètement, comme cela a été fait peu de temps auparavant pour celle entre Saint-Jean et Saint-Just. La rénovation du funiculaire est donc inscrite au 5e plan (1966-1970) par l’État. Le 27 juin 1966, le bureau du syndicat décide d’ouvrir un concours pour la modernisation et le prolongement éventuel du funiculaire. En juin 1967, au regard des solutions proposées par les entreprises lors du concours, le service de contrôle des chemins de fer propose au syndicat des TCRL de rénover le funiculaire de Croix-Paquet en le transformant en chemin de fer à crémaillère, pour pouvoir prolonger la ligne au sud vers la future ligne de métro, et de supprimer celui de la rue Terme. Les études se poursuivent jusqu’en 1970 et auraient dû s’achever en cohérence avec celles concernant la réalisation du métro.

Le 5 mai 1970 se produit la rupture d’un demi-manchon d’accouplement en fonte entre l’arbre moteur du treuil et le pignon denté lors d’une cordée. Après réparation, le funiculaire est remis en service le 13 mai. Mais à l’occasion des travaux, il est constaté une usure très importante à la fois de l’arbre moteur et des paliers en bronze dans lesquels il tourne, ce qui crée un faux rond important qui accroît les risques de nouvelles ruptures. Le problème ne peut être solutionné durablement qu’en changeant l’arbre et ses paliers moyennant un arrêt de longue durée, ou en replaçant la totalité de l’installation. Cet incident précipite les décisions et la modernisation du funiculaire n’est plus liée aux études du métro qui dureront encore plusieurs années.

Le Syndicat des Transports en Commun de la Région Lyonnaise décide, lors du comité syndical du 22 avril 1971, de substituer un chemin de fer à crémaillère au funiculaire, d’enterrer la station haute sous le boulevard de la Croix-Rousse et d’étudier le prolongement de la ligne au sud vers les Terreaux jusqu’à la ligne de métro alors en projet. La modernisation doit aussi permettre de prolonger ultérieurement la ligne vers le nord sous le boulevard des Canuts. La société TCL est chargée des travaux. L’arrêt définitif de la ficelle est fixé au 2 juillet 1972. La gare haute est déclassée par un décret le 29 décembre 1972.

L’installation entièrement remodelée et reconstruite sous forme de ligne de chemin de fer à crémaillère moderne est inaugurée le 6 décembre 1974 et mise en service le lendemain. Elle constitue alors un avant-goût du métro auquel elle est logiquement intégrée lors de l’ouverture du réseau.

Références juridiques :
« N° 18864 – Loi qui déclare d’utilité publique l’établissement d’un Chemin de fer d’intérêt local à traction funiculaire entre la place Croix-Paquet et le boulevard de la Croix-Rousse à Lyon : 24 décembre 1887 », Bulletin des lois de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, série XII, vol. 35, n° 1145, 1887, p. 1473 – 1483.
« N° 31125 – Décret qui approuve la substitution à M. Antonin Poy de la Compagnie du chemin de fer de Lyon-Croix-Paquet à Lyon-Croix-Rousse, comme concessionnaire du chemin de fer d’intérêt local de ce nom : 8 février 1896 », Bulletin des lois de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, série XII, vol. 52, n° 1780, 1896, p. 1382.
« Décret approuvant la substitution de la compagnie des omnibus et tramways de Lyon à la compagnie du tramway de Lyon-Croix-Rousse à Caluire et à la compagnie du chemin de fer de Lyon-Croix-Paquet à Lyon-Croix-Rousse : 20 juin 1914 », Journal officiel de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, n° 171, 25 juin 1914, p. 5498 – 5500.
« Délibération n°611, Funiculaire Croix-Paquet-Croix-Rousse, Modernisation et prolongement », Comité du syndicat des transports en commun de la région lyonnaise, 29 septembre 1966.
« Délibération n°770, Funiculaire Croix-Paquet-Croix-Rousse, Modernisation et prolongement », Comité du syndicat des transports en commun de la région lyonnaise, 22 avril 1971.
« Décret du 29 décembre 1972 portant déclassement d’une parcelle de terrain constituant la gare haute du funiculaire de Croix-Paquet et d’une partie de la voie dudit funiculaire », Journal officiel de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, n° 3, 4 janvier 1973, p. 198.