Ferro-Lyon

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Histoire générale de la ligne

Publié le 11-03-2007 à 16h51 (mis à jour le 22-07-2023 à 18h12.)

Rame à crémaillère arrivant à Saint-Jean entre 1902 et 1910 (Doc. Min. Culture)L’idée d’un funiculaire grimpant à la colline de Fourvière est née du succès de celui de la rue Terme montant à la Croix-Rousse. Le projet de funiculaire de Saint-Jean à Saint-Just est porté par des investisseurs qui pressentent le potentiel de trafic existant entre le plateau déjà urbanisé de Saint-Just et le bas de la ville de Lyon. Dès 1864, un Monsieur Bonnet sollicite en vain une concession. Les consorts Charbonneau et Bourget feront de même en 1867, sans plus de succès. Néanmoins, Monsieur Bourget parvient à s’associer à des entrepreneurs de travaux publics belges ayant des capitaux permettant de financer le projet, les frères Riche. Le 22 novembre 1871, le Conseil Général du Rhône accepte leur demande. Le Président de la République, Adolphe Thiers promulgue le 15 décembre 1872 un décret déclarant la ligne d’utilité publique et approuvant la convention de concession signée le 26 décembre 1871 entre le Conseil général du Rhône et Messieurs Hector et Émile Riche. La concession a alors une durée de 99 à compter du 1er janvier 1874. Le 29 janvier 1873, la concession est cédée à la Société Anonyme du Chemin de Fer de Lyon à Fourvière et à Saint-Just crée pour la circonstance le 20 janvier. Les travaux de construction débutent alors en 1875 sous la direction de Monsieur l’ingénieur Grivet. Cette même année, la société propose la construction d’une ligne à crémaillère plutôt qu’un funiculaire, mais cette substitution est refusée par le Conseil Général lors de sa séance du 3 mai 1876 en raison des rejets de fumée par les locomotives à vapeur qui devraient être utilisées. Le 25 juillet 1876, la société anonyme est reprise, selon la volonté des actionnaires, par la Compagnie du chemin de fer de Lyon à Saint-Just, mieux capitalisée, qui achève les travaux après liquidation d’un procès avec l’entreprise générale chargée de la maçonnerie et des terrassements. Le funiculaire est inauguré le mercredi 7 août 1878 et ouvert au public le lendemain.

Dès sa naissance, la Compagnie du chemin de fer de Lyon à Saint-Just avait des ambitions plus étendues que l’exploitation d’un court plan incliné. Ainsi, le 9 août 1879, elle demande au Conseil Général la concession d’une ligne à voie métrique entre la gare de Saint-Just du funiculaire et Mornant, avec un embranchement vers Vaugneray. Le 10 septembre 1880, le Conseil Général accepte la demande de la compagnie. La déclaration d’utilité publique de ce réseau est prononcée par une loi promulguée le 21 août 1882. Pour construire ce nouvel ensemble, les actionnaires constituent le 23 novembre 1883 une nouvelle compagnie mieux capitalisée, la Compagnie du chemin de fer de Fourvière et de l’Ouest Lyonnais (FOL), qui reprend les actifs de la Compagnie du chemin de fer de Lyon à Saint-Just. Sa substitution est approuvée par une convention entre le Conseil Général et la nouvelle compagnie signée le 14 janvier 1886 et promulguée par décret le 29 avril 1886. Le 17 avril 1886, le département autorise la mise en service du tronçon de Saint-Just à Vaugneray. L’antenne vers Mornant ouvre le 27 janvier 1887 entre le Tupinier et Messimy et le 11 juillet suivant pour sa section terminale. Ce réseau apporte alors un trafic supplémentaire significatif à la ficelle.

En 1891, Monsieur Guinant sollicite et obtient du Conseil Général la concession d’une ligne de tramway électrique entre la gare de Saint-Just et le bourg de Sainte-Foy-lès-Lyon. Ceci donne naissance à la Société Anonyme du Tramway de Sainte-Foy (TSF). La ligne, à voie de 0,75 mètres d’écartement est mise en service le 14 juin 1893. Cette compagnie, financièrement fragile, tente d’obtenir en 1896 la concession d’une ligne de tramway directe vers le centre de Lyon par le chemin de Choulans et le pont d’Ainay. Pour contrer cette velléité, immédiatement, la Compagnie du chemin de fer de Fourvière et de l’Ouest Lyonnais tente de prolonger le funiculaire vers la place Bellecour. Pour cela, elle demande au Conseil général du Rhône de pouvoir modifier le funiculaire et passer d’un mouvement de va-et-vient à câble sans fin à mouvement continu. Néanmoins, il ne se serait pas agit d’un dispositif type cable-car puisqu’il est prévu que les véhicules soient des tramways alimentés par ligne aérienne qui poursuivraient leur trajet au-delà du plan incliné de manière autonome. En 1897, la compagnie sollicite à nouveau, toujours auprès du Conseil général du Rhône, et selon le même principe, la concession d’une ligne vers le centre de Lyon, mais cette fois vers la place de la République. Finalement, le Conseil général impose en 1899 la place des Célestins comme terminus possible. C’est alors la ville de Lyon qui s’oppose à la transformation de la place des Célestins en gare. Après le résultat défavorable de l’enquête publique, le Conseil général rejette finalement la demande le 20 avril 1901. Mais la Compagnie ayant finalement racheté la Société Anonyme du Tramway de Sainte-Foy avec une date d’effet au 1er janvier 1898, et se débattant dans d’autres difficultés, elle n’était plus intéressée par ce projet.

Le 30 octobre 1898, la FOL ouvre une nouvelle ligne de tramway en direction de Francheville partant elle aussi de Saint-Just. Dans la foulée, elle convertie à la voie métrique la ligne de Sainte-Foy. Opération qu’elle achève le 5 juin 1899.

Au tournant de l’année 1900, la compagnie est confronté à la faible capacité du funiculaire, désormais tronc commun donnant la correspondance à 4 lignes et à son obsolescence. Elle remet au goût du jour son idée originale de faire transiter les tramways des lignes de Sainte-Foy et Francheville vers Saint-Jean et le centre de Lyon en passant par le tunnel de la ficelle. Ceci tout en conservant des navettes de Saint-Jean à Saint-Just. Pour cela, elle décide cette fois de transformer le funiculaire en ligne à crémaillère et de s’équiper de trams capables de rouler aussi bien sur les lignes urbaines que sur le tronçon à crémaillère. La transformation est acceptée par les autorités de tutelle le 28 avril 1900. Le funiculaire ferme donc le 28 février 1901. La conversion de la ligne est achevée en un temps record, en mai 1901. Malheureusement, les essais de circulation des tramways sur cette infrastructure révèlent un risque de déraillement non corrigible à court terme. Ce coup dur technique entraîne de lourdes dépenses imprévues pour rétablir le service au plus vite sur le plan incliné. Cet épisode, affaiblissant la Compagnie du chemin de fer de Fourvière et de l’Ouest Lyonnais, mène à son rachat par la Compagnie des Omnibus et Tramways de Lyon (OTL) à compter du 1er janvier 1911. Ce rachat est approuvé par un décret le 24 décembre 1910 et donne lieu à une prorogation de la concession de la ligne dont la date d’échéance est reportée au 21 août 1984 par une loi le 23 décembre 1910.

Le 17 août 1911, un incendie détruit le dépôt de Saint-Just. Ce qui entraîne la perte de 2 locomotives à crémaillère et d’une remorque. Les deux locomotives sont reconstruites pour juin 1912. Un nouvel essai de descente des tramway par le plan incliné est fait en 1913 avec les nouvelles motrices Buire-Francheville récemment livrées. Il échoue cette fois à cause de la position trop basse des la roue dentée destinée au freinage qui heurte les obstacles saillants en chaussée. Toutefois, l’OTL n’abandonne pas le projet, puisque le prolongement de la ligne de Francheville jusqu’aux Cordeliers est déclaré d’utilité publique par un décret du 8 septembre 1917. Mais la guerre et les conditions économiques de l’entre-deux guerres font que les trams n’ont jamais circulé entre Saint-Jean et Saint-Just. Seul le matériel à crémaillère, exclusivement dédié, continue à parcourir inlassablement ce tronçon.

L’installation est modernisée au début des années 1930, avec des remorques entièrement reconstruites, des gares réaménagées pour mieux canaliser les flux de passagers, des appareils de voie commandés électriquement et une signalisation lumineuse.

Station Saint-Just avant la première guerre mondiale (Doc. Archives Municipales de Lyon)

Station Saint-Just du funiculaire avant la première guerre mondiale. Le bâtiment à gauche, est la gare de la FOL vers Mornant et Vaugneray et derrière on aperçoit un bâtiment du dépôt de Saint-Just. (Doc. : Archives municipales de Lyon).

Dans les années 1950, à bout de souffle, l’ensemble des équipements du plan incliné doit être renouvelé. Après avoir hésité à transformer l’infrastructure pour y faire passer les trolleybus de la ligne 30, la pente forte de la partie basse, la fermeture de toutes les lignes ferroviaires au départ de Saint-Just (les tramways en 1935/36 et la ligne de Vaugneray le 2 novembre 1954) et les techniques de l’époque militent pour un retour à la traction funiculaire. Il n’y a plus aucune nécessité d’interpénétration et cette technique limite les coûts de maintenance en concentrant l’équipement de traction en un seul endroit. Le soir du 4 juillet 1957, la crémaillère ferme. Le plan incliné, retransformé en funiculaire rouvre le 29 avril 1958.

Le funiculaire est à nouveau modernisé intégralement et reconstruit entre 1985 et 1988, avec un changement de la voie, de la machinerie, des rames et reconstruction de ses deux terminus. Le plan incliné ferme donc une nouvelle fois le soir du 30 juin 1985. Le nouveau funiculaire entre en service le 15 septembre 1986. À cette occasion, la ligne est légèrement raccourcie à ses deux extrémités. À Saint-Jean, maintenant nommée Vieux Lyon - Cathédrale Saint Jean, pour permettre l’insertion de la station du métro D et de son accès, et à Saint-Just pour réaliser une opération immobilière.

Le 29 août 2011, cette ligne qui n’avait jamais été numérotée a reçu l’indice F 1, signifiant funiculaire n°1.

Références juridiques :
« N° 2350 – Décret qui déclare d’utilité publique l’établissement d’un Chemin de fer d’intérêt local de Lyon au Faubourg Saint-Just : 15 décembre 1872 », Bulletin des lois de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, série XII, vol. 7, n° 154, 1873, p. 397 – 410.
« N° 31505 – Loi ayant pour objet : 1° d’autoriser la substitution de la Compagnie du chemin de fer de Fourvières et Ouest-Lyonnais à la Société du chemin de Lyon à Fourvières et à Saint-Just, comme concessionnaire des chemins de fer d’intérêt local de Lyon à Fourvières et à Saint-Just, et de Lyon-Saint-Just à Vaugneray et Mornant ; 2° de réduire de 6 à 5 millions de francs le capital forfaitaire de premier établissement de ce dernier chemin de fer : 29 avril 1886 », Bulletin des lois de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, série XII, vol. 32, n° 1014, 1886, p. 657 – 659.
« Loi prolongeant la durée de la concession des chemins de fer d’intérêt local de Lyon au faubourg de Saint-Just, de Lyon-Saint-Jean à Fourvière et de Lyon-Saint-Paul à Fourvière et Loyasse : 23 décembre 1910 », Journal officiel de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, n° 350, 24 décembre 1910, p. 10446.
« Décret substituant la Compagnie des omnibus et tramways de Lyon à la Compagnie du chemin de fer de Fourvière et Ouest Lyonnais et à la Compagnie du chemin de fer de Lyon-Saint-Paul à Fourvière et Loyasse comme concessionnaire et rétrocessionnaire des chemins de fer d’intérêt local et des tramways exploités par ces compagnies : 24 décembre 1910 », Journal officiel de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, n° 352, 26 et 27 décembre 1910, p. 10550.
« Décret déclarant d’utilité publique un prolongement de la voie ferrée d’intérêt local de Lyon-Saint-Just à Francheville-le-Haut : 8 septembre 1917 », Journal officiel de la République Française, Paris, Imprimerie Nationale, n° 254, 19 septembre 1917, p. 7423 – 7425.