Ferro-Lyon

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Un Diabolo pour Leslys

Publié le 01-09-2008 à 12h15 (mis à jour le 03-09-2008 à 21h39.)

La desserte de l’aéroport de Lyon-Saint-Exupéry par les transports en commun est une chose bien ardue. Cet aéroport dessert toute la région Rhône-Alpes. Aussi depuis des années, il existe un réseau d’autocars rapides qui le relient avec les diverses métropoles régionales en empruntant les multiples autoroutes rayonnant autour de Lyon. Cependant depuis toujours, l’aéroport est resté à l’écart du système ferroviaire régional, seul capable de lui assurer une desserte de rabattement fiable. Pendant que divers projets restait dans les limbes (on peut citer le défunt Satorail) on a adjoint à l’aérogare une gare TGV pour le cas où des parisiens souhaiteraient rajouter deux heures de train à leur périple aérien.

En désespoir de cause, le Conseil Général du Rhône s’est décidé à lancer le projet LESLYS assurant uniquement une liaison entre Lyon et l’aéroport par réemploi de l’emprise du CFEL, avec un partage de l’infrastructure avec la ligne T3 du tramway urbain lyonnais. Ce projet est arrivé au stade très avancé de la déclaration d’utilité publique. Il n’en demeure pas moins sans intérêt pour les habitants de l’Est de la région (Ain, Isère et les Savoie) car sa rapidité ne peut compenser l’allongement de parcours que nécessite le passage par la Part-Dieu pour rejoindre cette ligne.

Or si LESLYS arrive quasiment en phase de réalisation, voilà qu’un projet plus lointain risque à la fois de menacer son intérêt… Mais surtout d’apporter une solution plus satisfaisante à la desserte de l’aéroport en le connectant au réseau des trains express régionaux. Il s’agit du projet CFAL dont les voies longeraient celles de la LGV Rhône-Alpes (LN4) entre La Boisse (intersection avec la ligne de Lyon à Genève par Ambérieu-en-Bugey) et Grenay (intersection avec la ligne de Lyon à Grenoble). Si le CFAL était muni de raccordement avec les lignes de Genève et de Grenoble tel que l’envisage l’agence d’urbanisme pour le développement de l’agglomération lyonnaise, l’aéroport serait parfaitement connecté au réseau de chemin de fer régional.

Carte sur l'évolution possible du réseau ferroviaire autour de Lyon (Doc. Agence d'Urbanisme)

Carte sur l’évolution possible du réseau ferroviaire autour de Lyon (Doc. Agence d’Urbanisme).

Cette solution fait penser immédiatement au projet bruxellois (rappelons que l’aéroport de Bruxelles-National fut le premier à être relié à son centre-ville par une liaison ferroviaire lourde dès les années 1950) « Diabolo » qui vise justement à permettre une desserte multi-directionelle de l’aéroport. On ne peut que mesurer l’intérêt d’un tel projet… Et pourtant !

Si LESLYS se réalise, un « diabolo » entrerait en concurrence directe, car il permettrait de relier toutes les villes de la région à l’aéroport, avec des durées de transport forcément inférieures (sauf peut-être pour certains secteurs de l’agglomération) à celles prévues avec la rupture de charge qu’entraînera LESLYS. Or LESLYS est une infrastructure concédée dont le trafic et les évaluations financières ont été calées pour une fréquentation de 4 000 passagers par jour, soit un peu plus de 20% des passagers de l’aéroport en 2006… Ce qui équivaut tout de même à 4 fois la fréquentation actuelle des navettes Satobus. Cet objectif de fréquentation (qui en nombre absolu reste bien modeste par rapport aux capacités d’une infrastructure ferroviaire, et oblige déjà le conseil général à prévoir une subvention annuelle d’exploitation) ne pourra être atteint que si le CFAL ne crée pas une concurrence.

Si cette concurrence devait apparaître, nul doute que le consortium Rhônexpress concessionnaire de LESLYS se retournerait alors vers l’autorité concédante (le département du Rhône) pour lui demander des subventions supplémentaires. LESLYS deviendrait alors une danseuse particulièrement coûteuse du conseil général et les finances publiques… Et si le concessionnaire venait à abandonner la concession faute de rentabilité malgré les subventions, le département se retrouverait propriétaire d’une infrastructure qu’il devrait exploiter.

Il est certainement trop tard pour abandonner LESLYS. En revanche, cela n’interdit pas à tous les acteurs de se rencontrer. Ainsi, un échange de vues entre le conseil général du Rhône d’une part, RFF, l’État et la région Rhône-Alpes d’autre part serait de bon aloi pour envisager l’évolution à moyen terme de la desserte de l’aéroport et du nord Isère selon un schéma (enfin !) cohérent…