Ferro-Lyon

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Crise…

Publié le 01-03-2009 à 11h09 (mis à jour le 09-04-2009 à 22h32.)

Le monde a basculé dans la crise économique depuis un an et demi, d’abord aux USA, puis de proche en proche, tous les pays sont progressivement concernés. Il semble donc intéressant de faire un point sur les conséquences prévisibles de cette situation sur les transports en commun.

S’il y a plusieurs mois, le prix élevé des carburants semblaient montrer la voie à un développement de l’usage des transports en commun, il faut bien reconnaître que ce n’est plus forcément un argument très percutant. La crise entraîne en effet une baisse de la consommation d’énergie dans l’industrie et les transports, avec moins de marchandises produites et donc moins à transporter. Ceci provoque un déséquilibre avec un excès de l’offre d’énergie par rapport à la demande. Pour que ce déséquilibre cesse, il faudrait que les producteurs s’entendent pour rationner leur production… Ce qui serait très mal vu par les consommateurs (en particulier l’industrie) qui arguent de la crise pour exiger l’allègement de leurs charges et coûts au maximum. On peut donc penser que le prix des carburants restera relativement faible à court terme. Aussi, prédire un report modal massif en faveur de l’usage des transports en commun à brève échéance ne semble pas être raisonnable. D’autant que la structure urbanistique du territoire développée ces 40 dernières années, l’étalement urbain et le mitage des territoires ruraux qu’elle a entraîné est très défavorable aux transports en commun. Cependant, les causes systémiques de la hausse du coût de l’énergie à long terme demeurent (en particulier le manque de capacités de raffinage du pétrole) et la moindre reprise de l’activité économique devrait le montrer rapidement.

Un autre phénomène risque de contrarier le développement de l’usage des transports publics. Il s’agit de l’augmentation du chômage et la baisse de revenus qui en découle. En effet, le chômage va agir sur tous les types de déplacement, que ce soit les trajets domicile-travail, ou les déplacements de loisir. Ce phénomène va concerner tous les modes de déplacement, aussi pourrait-on assister dans les mois qui viennent à une baisse globale significative de la mobilité. Cependant, les couches les plus pauvres des salariés, qui seront les plus durement touchées par la crise, utilisent plus les transports en commun que les couches plus aisées de la population. Les transports publics risquent donc bien d’être les plus exposés à la baisse de mobilité.

Pire, le financement des transports urbains risque d’être durement impacté, avec une baisse probable du chiffre d’affaires et de la masse salariale des entreprises, le rendement de la taxe parafiscale qu’est le versement-transport à laquelle sont assujetties toutes les entreprises de plus de neuf salariés. Cette taxe représente 32% des recettes du SyTRAL. Cette baisse accompagnera la baisse des recettes de la billetterie liée à la baisse du nombre d’usagers. Ces contraintes financières, si aucun financement complémentaire n’arrive de l’État ou d’une autre collectivité locale (mais laquelle aura les moyens de payer ?) obligeront à relativement brève échéance à reporter ou à annuler certains investissements.

Bref, l’avenir à court terme est pour le moins incertain pour les transports en commun. Néanmoins, à plus ou moins longue échéance, leur coût incomparablement plus faible que celui de la voiture particulière joue en leur faveur, que ce soit à cause d’une hausse des prix du pétrole, ou bien d’une baisse des salaire érodés par une inflation galopante… Selon que la crise s’achèvera ou se transformera en dépression de longue durée.

Note : (édition du 9 avril 2009) Exceptionnellement, il n’y aura pas d’édito en avril. Prochain édito en mai.