Ferro-Lyon

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De la préservation du patrimoine des transports en commun lyonnais

Publié le 19-06-2012 à 22h17 (mis à jour le 31-07-2012 à 22h18.)

Les différentes autorités gérant les transports en commun à Lyon ne se sont que rarement préoccupées de la préservation du patrimoine que constituent leur ancien matériel roulant et leurs dépôts. Cette situation pose immanquablement la question de la conservation de la mémoire du passé du réseau, qui se trouve de fait pour une bonne partie confiée à quelques associations et personnes éclairées.

Paradoxalement, la période la plus faste pour la préservation du matériel historique dans des structures officielles a été aussi celle dont le nom du Maire de Lyon est indéfectiblement lié à l’adaptation de la ville à la voiture : Louis Pradel. En effet, à cette époque déjà ancienne, le matériel roulant ancien préservé par l’OTL et le syndicat des TCRL a été installé dans une annexe spécialement construite du musée de l’automobile Henri Malartre de Rochetaillée. Dans un hall dédié a ainsi été présenté pendant de nombreuses années un ensemble de tramways, de bus et de trolleybus anciens ayant sillonnés l’agglomération. Si les tramways sont restés, présentés au public, les véhicules routiers ont eux disparus dans les réserves du musée. La place ainsi dégagée a permis d’aménager un espace d’expositions temporaires qui manquait cruellement au musée. Il faut dire qu’entre-temps, l’automobile – et donc par un contrecoup absurde, son musée – a nettement perdu de son prestige aux yeux des décideurs lyonnais qui n’accordent plus à ce dernier que de chiches subsides ne permettant guère de mettre en valeur les collections et encore moins de les étendre.

Ainsi, les collections du musée de l’automobile ne comptent aucun véhicule de transports en commun qui ont marqué les années 1970 à 2010 sur l’agglomération : Pas de PH12/180, pas de SC10, pas de PR100 ni de R312 à présenter du côté des bus. Pas plus de VBH85, ou d’ER100 sur à montrer sur l’aspect trolleybus.

Les associations se sont substituées, à la hauteur de leurs faibles moyens, à ce désintérêt officiel. Ainsi, l’AMTUIR, à Chelles (Seine-et-Marne), outre une poignée de tramways typiques de l’OTL, comme les motrices Marcinelle qui ont sillonné la ligne 7 jusqu’à sa fermeture, a préservé dans les hangars fermés au public qui abritent sa collection un PR100, un VBH85 et un ER100.

L’Ecomusée d’Alsace à Ungersheim abrite dans un ancien bâtiment d’une mine de potasse un PH12/180 lyonnais.

De même, ATHALY a sauvegardé un tramway à voie métrique et une motrice à crémaillère tout à fait emblématiques des lignes entre Saint-Jean et l’ouest lyonnais sur la première moitié du XXe siècle.

Enfin, Rétro Bus Lyonnais a préservé des autobus, notamment un PH100, un SC10 et un PR100.

Or les faibles moyens de ces structures peuvent mettre directement en danger le matériel préservé. Ainsi, l’AMTUIR cherche à se séparer d’un certain nombre de matériels, faute de place et de moyens. Pourrait éventuellement être concernés l’ER100, la remorque du train bleu de Neuville n°108, et la motrice NLT n°422. Le classement de cette collection par l’État garanti, au moins à moyen terme, que ces matériels seront protégés. Mais la volonté de l’AMTUIR de s’en dessaisir à terme risque d’être un frein à leur mise en valeur et leur restauration.

En revanche, la situation est beaucoup plus délicate pour l’écomusée d’Alsace, ATHALY et Rétro Bus Lyonnais.

L’écomusée d’Alsace souhaite céder l’ensemble de la collection de véhicules routiers qu’il a récupéré, car il n’a ni les moyens de les restaurer, ni de les présenter au public dans de bonnes conditions. Ces véhicules stockés une dizaine d’année à l’air libre, puis dans un bâtiment minier à l’atmosphère saline corrosive, nécessitent une restauration. Certains ont déjà été repris par d’autres associations. Mais le PH12/180, unique lyonnais de la collection, de par sa longueur, nécessite un transport coûteux. Il continue donc de se dégrader dans son lieu de stockage actuel.

ATHALY a vu son matériel lourdement vandalisé par des récupérateurs de cuivres (l’association recherche d’ailleurs actuellement au moins une paire de controllers Thomson-Houston réparables pour remettre en état la motrice 439 ex-OTL). Si le matériel est désormais à l’abri de ces déprédations, une partie de la collection est actuellement soumise aux intempéries, faute de toit. La réparation du vandalisme prendra de toute façon des années, mais les dégradations progressives par la pluie, le gel et le soleil rendront peut-être impossible économiquement la remise en état de certaines pièces de la collection, ce qui ne pourrait mener à leur ferraillage.

Rétro Bus Lyonnais, actuellement hébergé par le SyTRAL dans l’un de ses anciens dépôts risque de perdre à très court terme son toit. La vétusté du bâtiment et la valeur foncière de son terrain d’assiette conduisent le SyTRAL à s’en dessaisir. Or il est difficile, sinon impossible, sans l’aide des collectivités locales, pour une association s’occupant d’engins si volumineux, de trouver un local dont les coûts seraient supportables pour ses finances.

Il serait triste et dommageable pour l’image et le rayonnement de la ville que le patrimoine des transports lyonnais soit encore sacrifié, alors que les collectivités, que ce soit le SyTRAL ou la communauté urbaine de Lyon ont des locaux vides aptes à recevoir rapidement les collections de véhicules les plus menacés. On ne peut que penser au dépôt TCL de Parmentier, vide depuis 2001, et la mise en service du tram, qui serait parfaitement adapté à l’exposition, au stationnement, à la maintenance et à la restauration de tramways et de bus anciens. De même, l’ancienne halle mécanisée de la SNCF, à côté de la gare de Lyon-Jean-Macé, sans être aussi adéquate, pourrait difficilement trouver un usage plus utile vu sa situation enchâssée entre les voies ferrées.

Rappelons que toutes les villes ayant des ambitions internationales un tant soit peu affirmée en Europe disposent, sinon de circulations de matériels historiques de transports en commun dans leurs rues, au moins d’un musée d’envergure sur le sujet. Souhaitons simplement que les édiles lyonnais sachent se montrer à la hauteur de leurs ambitions internationales et permettent la constitution d’un musée vivant des transports en commun digne d’une ville qui a connu historiquement 5 funiculaire, 2 réseaux successifs de tramways (passant de la traction animale, à vapeur puis électrique), 2 lignes à crémaillère, un métro automatique innovant, des trolleybus en nombre, des électrobus, et des autobus… Sans oublier non plus les bateaux-Mouche ayant sillonné le Rhône et la Saône…

Édition du 31 juillet : Ajout des éléments sur le PH12/180 préservé par l’Écomusée d’Alsace.