Publié le 30-06-2024 à 23h19
Une fois n’est pas coutume, il sera question de trop laids bus. La ligne C2 qui relie la gare de la Part-Dieu à Rillieux. Elle a été créée à la fin août 2011 en remplacement de la ligne 59. Son tracé est en site propre sur une bonne partie de sa longueur et en particulier là où la circulation automobile pourrait le plus gêner la progression des bus. Elle est exploitée avec des véhicules articulés de type trolleybus modèle Cristalis™ livrés entre 2001 et 2010. Elle est censée être une ligne forte, dite à « haut niveau de service » avec une exploitation fréquente, régulière et fiable. Sur le papier, tout ceci peut faire illusion, mais sur le terrain la chanson n’est pas vraiment la même.
Tout d’abord, le matériel roulant, véritable boîte à chagrin dès sa livraison est désormais à bout de souffle. Il est à la fois victime de ses défauts de conception (l’électronique, les moteurs-roues, le châssis insuffisamment rigide et sensible à la corrosion, les climatisations fragiles, l’aménagement intérieur mal fichu…), ainsi que de ce qu’on pourrait appeler un excès de maintenance comme on dit dans la maison-mère de Keolis. Sur ce dernier point, il suffit de voir les mains courantes baladeuses, qui se détachent même parfois, les boutons d’arrêt demandés ou les valideurs réparés avec du scotch ou encore les indices de ligne sur des feuilles de papiers collés sur les pare-brise pour cause de girouette en panne. Ceci sans oublier les rossignols divers qui se manifestent quant le véhicule roule ou les fuites d’eau de la clim’. Mais bon, une panne de valideur, de bouton de demande d’arrêt ou de girouette est un moindre mal quand le bus roule et qu’il est à l’heure… sauf que ce ne sont là que les symptômes les plus léger de la décrépitude. Au cours de ces derniers mois les détresses en ligne se multiplient… et quand ce ne sont pas les trolleybus de la C2 qui lâchent, ce sont les bus des autres lignes qui empêchent sa progression par leurs pannes. La montée des soldats et la place Foch à Caluire semblent être le centre de ce triangle des Bermudes où les pannes sont légion. Les véhicules tombent comme des mouches. Les plus mal en points réussissent à agoniser à la descente, d’autres, épuisés par la montée rendent l’âme à l’arrêt Place Foch en obligeant à un arrêt de substitution dans le flot de la circulation automobile (avec à la clé un déperchage bien pénalisant). Certains cannent même en bloquant le site propre dédié aux bus.
D’ailleurs, on peut se demander si les sites propres de la ligne n’ont pas été conçus prioritairement pour stationner les véhicules en panne tant le cas se présente fréquemment. Ce 30 juin, en fin d’après-midi c’est le 2910 qui agonisait derrière son triangle rouge sur la voie réservée en direction de la Part-Dieu sur le pont Poincarré… établir la liste des véhicules en détresse sur le mois dernier risque de revenir établir l’état du parc (on n’ose pas dire roulant).
La fiabilité des Cristalis™, tout comme leur entretien réel sont les secrets les mieux gardés du système de GMAO (Gestion de maintenance assistée par ordinateur) de Keolis, mais il suffit de voir les véhicules en détresse sur le terrain pour comprendre que ce n’est pas glorieux. Et ça ne risque pas de s’améliorer puisque la ligne récupère désormais les rogatons de la ligne C3 rincés par plus de 20 ans de service (coucou les 1902 et 1919). Bref, il est plus que temps de benner les poubelles grises… pardon les Cristalis™ qui circulent sur cette ligne.
Et que dire de l’exploitation ?! La régulation de la ligne relève clairement de la fiction. Au plus tard, dès le milieu d’après-midi les trains de deux, trois, voir quatre bus (pour ne pas dire 5 les meilleurs jours) sont une réalité bien installée. Et c’est ainsi que régulièrement la prétendue fréquence d’un passage toutes les dix minutes en semaine devient en réalité quatre passages en deux minutes toutes les quarante minutes. Ceci quel que soit le jour de la semaine. Même les jours fériés à l’horaire plus que léger, les trains de trois bus sont légion. Cela a été le cas les 8 et 9 mai… mais c’est finalement vrai tous les week-ends. De quoi vous permettre, par exemple, de faire tranquillement une promenade entre la piscine du Loup-Pendu à Rillieux et la place Foch à Caluire en attendant qu’un bus daigne arriver. Bien sûr, plus l’exploitation est dysfonctionnelle, plus les temps d’attente affichés « en temps réel » aux arrêts ou sur le site internet sont fictif : affichage d’arrivées de bus qui n’existent que dans l’imagination du système, basculement sur les horaires théoriques, minutes qui s’allongent à l’infini… et ne parlons pas des bornes d’informations en panne : par exemple, depuis des semaines la borne des Brotteaux en direction de Rillieux n’affiche plus les temps d’attente de la ligne C2, et uniquement d’elle : la ligne de l’afficheur est foutue !
Lorsque vous voyez défiler les trolleybus dans l’autre sens, attendez vous aussi à ce que le premier bus que vous verrez enfin arriver dans votre sens soit en fait en fin de service descende toute la ligne à vide de Rillieux aux Charpennes. Ceci pour rejoindre au plus vite le dépôt en laissant les usagers sur le carreau. Lorsque enfin un bus en service arrive, il est évidement bien plein et le chauffeur vous explique avec plus ou moins de bienveillance qu’il y a d’autres bus derrière… C’est oublier qu’en cas de panne du premier bus, justement il sera possible de se rabattre sur le suivant. Si on prend d’emblée le suivant et qu’il tombe en panne, le trajet risque d’être trrèèèès lonnnnng. Dans ce cas, mieux vaut un tiens que deux tu l’auras !
Comment les usagers peuvent-ils avoir confiance en une ligne où le manque de régulation, les pannes matérielles, arrivent tous les jours faire varier du simple au double le temps de trajet ? Si la résignation semble de mise la situation n’en est pas moins inacceptable. On ne peut malheureusement que constater l’abandon de cette ligne qui dessert des quartiers populaires où la dépendance à ces services miteux est forte. Quelle crédibilité peuvent avoir les dirigeants de SYTRAL MOBILITÉS et de la Métropole de Lyon lorsqu’ils prônent une « zone à faible émission » alors que les lignes de transports en commun permettant d’y accéder sont dans un tel état de déréliction ? Très clairement c’est une question de crédibilité politique qui est posée. S’en saisiront-ils enfin ou bien abandonneront-ils une nouvelle fois les quartiers populaires à leur triste sort ?