Ferro-Lyon

En décembre prochain, la région Rhône-Alpes, autorité organisatrice des transports ferroviaires va pousser la SNCF à faire sa révolution copernicienne des horaires. Sujet tabou sur le réseau français jusqu’à il y a peu, le cadencement des trains va être mis en place. La SNCF a résisté tant qu’elle a pu à ce changement en place depuis pas loin de 30 ans dans certains pays voisins, mais nous sommes enfin au seuil de ce changement radical, puisqu’il entrera en vigueur au service d’hiver…

Mais revenons tout d’abord un peu en arrière. Pourquoi le cadencement des trains est-il si révolutionnaire ? Avec ce système, pour faire très simple et schématique, vous n’avez pas besoin de vous souvenir de l’heure de votre train, mais de sa minute de départ. Toutes les heures, à la même minute, un train part dans la même direction en desservant les mêmes arrêts. Ce fonctionnement simplifie considérablement la vie pour l’utilisateur.

Jusqu’à maintenant, la SNCF défendait un concept assez fumeux de desserte dite « rythmée ». C’est-à-dire que par exemple, en moyenne, sur une même ligne, les trains assurant les mêmes dessertes circulaient toutes les 1h30 environ. Or c’est le « environ » qui causaient tous les soucis. Si le premier train était à 14h, le suivant pouvait être à 15h20 tout comme à 15h45. Pour la SNCF, cela restait « rythmé ». Ce concept est désormais balayé, à la fois sous la pression des régions, mais aussi de RFF, pour qui le cadencement permet une optimisation des capacités du réseau.

La mise en place du cadencement va se traduire par une forte augmentation de l’offre, avec l’ajout quotidiennement de 100 TER supplémentaires sur le réseau régional. Cependant tout le monde ne sera pas gagnant.

Pour parler de ce qui fâche, il y a tout d’abord des fermetures de points d’arrêt. Elles sont au nombre de 5 (le réseau régional compte 255 points d’arrêt). Ces haltes très peu fréquentées ne justifient pas d’être desservies très fréquemment, et n’aurait pour principal effet que de retarder les trains de quelques minutes. Les gares de Beaucroissant, La Boisse, Poule-les-Echarmeaux, Ternay et Toussieu-Chandieu sont concernées par cette mesure. Des moyens de transport de substitution seront mises en place, avec des lignes de bus ou d’autocars de rabattement vers les gares les plus proches.

Un autre effet collatéral est dans un certain nombre de cas, l’augmentation du temps de trajet. En effet, certaines gares qui auparavant n’étaient desservies que par un TER sur 2 ou 3, le seront désormais systématiquement. Sur certaines lignes en voie unique d’ailleurs, ces arrêts sont techniquement nécessaires pour assurer les croisements qui seront plus nombreux, vu que le nombre de trains augmente.

Un point à noter : le cadencement ne sera mis en place sur les lignes en travaux qu’après la fin de ceux-ci. Ceci concerne en particulier la ligne de Lyon à Bourg par Sathonay.

Enfin, dernière chose, le cadencement ne sera pas parfait dès la première année. En effet, une opération de ce type est très complexe à mettre en place. Le cadencement en Rhône-Alpes (et Bourgogne) va impacter les horaires de trains sur la France entière. Or certains n’ont pu êtres décalés pour diverses raisons. D’autre part, des impératifs techniques peuvent ponctuellement s’opposer à la réalisation du cadencement. C’est pourquoi d’autres étapes en 2008 et 2009 sont prévues. L’objectif étant le cadencement de quasiment tous les trains avant 2010. On peut espérer qu’à cette échéance, la fréquence minimum sur chaque ligne sera d’au moins un train toutes les deux heures, même pour les moins fréquentées.

Bref, comme dans tout changement de grande ampleur, il y aura quelques perdants, et des gagnants. Si on se réfère à ce qui s’est passé sur les réseau appliquant depuis longtemps ce système, on constate qu’il contribue fortement à l’accroissement du nombre de trajets en train, en rendant le fonctionnement du réseau très simple et souple pour l’utilisateur.

Enfin, cerise sur le gâteau, un accord est intervenu entre la région et le SyTRAL pour proposer un abonnement combiné TER/TCL à un prix inférieur à la somme des deux abonnements. Cet abonnement combiné sera porté par la carte Oùra, et devrait se traduire par une économie (à confirmer) pour l’utilisateur de l’ordre de 18 €.

Source : Le Progrès de Lyon du vendredi 6 juillet 2007.