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LESLYS rebondit…

Publié le 03-02-2008 à 13h09 (mis à jour le 10-02-2008 à 23h49.)

Le dossier LESLYS bouge pas mal en ce moment, après l’avis défavorable émis par le commissaire enquêteur, le Conseil Général du Rhône vient, dans sa séance plénière du 1er février 2008, de délibérer pour poursuivre la procédure en maintenant son choix de passer au sud de Pusignan, avec des prises de position assez risibles.

Mais tout d’abord, un petit retour en arrière. Comme je le disait dans ma dernière brève sur LESLYS, l’analyse du rapport du commissaire enquêteur s’est révélé très instructive. Pour bien comprendre la suite des événements, je vous fait une petite synthèse des éléments relevés par le commissaire enquêteur pour justifier son avis défavorable :

  • Le dossier d’enquête était pour des aspects importants incomplet ou contradictoire en lui-même. Ainsi, le positionnement de la station de l’aéroport est floue et le texte contredit les plans. Plus grave, le dossier d’enquête présentait le projet retenu sous un jour excessivement favorable. Il ne prenait pas non plus en compte le projet routier dit “Satolas Green” auquel la plateforme de LESLYS contournant Pusignan par le sud devait être accolé. Enfin, certains éléments financiers pourtant indispensables à la réalisation du projet, comme les rétablissements de réseaux, n’ont pas été chiffrés, ce qui peut faire apparaître le projet comme moins coûteux que les autres options.
  • Le projet a visiblement été ficelé trop rapidement, car en traversant sans ménagement l’espace agricole, il n’en ferait certes disparaître que 16,5 ha, mais il impacterait l’exploitation agricole des terres sur 177 ha, et imposerait un nouveau remembrement. Les agriculteurs se sont massivement prononcés sur les registres d’enquête et relèvent à la fois le mauvais positionnement des franchissements prévus de la nouvelle infrastructure, les difficultés qu’elle entraîne pour l’irrigation de leurs champs, et le fractionnement de leurs exploitations. Ils indiquent aussi des pistes pour optimiser le tracé vis-à-vis de l’impact sur l’espace agricole.
  • Pire, l’espace agricole au sud de Pusignan est aussi classé Zone Naturelle d’Intérêt Faunistique et Floristique (ZNIEFF). Le tracé retenu en enclave une partie de l’ordre de 20 ha avec le bourg de Pusignan. Ceci abouti donc à un début de destruction d’une zone naturelle à préserver. La préservation de cet espace est notamment prévue par la Directive Territoriale d’Aménagement de l’aire urbaine lyonnaise, document qui s’impose à tous les projets d’infrastructure.
  • Autre indice de la précipitation sur ce dossier, la voie arrive à l’aéroport en cisaillant les voies d’accès à l’aérogare selon une disposition dangereuse. Cet aménagement risquant de bloquer l’accès routier aux aérogares en cas d’accident à ce passage à niveau.
  • Le commissaire enquêteur reproche aussi au projet de ne pas tenir compte de l’avenir, et en particulier en ne reprenant pas le tracé historique du CFEL jusqu’au contournement TGV, de maximiser les coûts à prévoir pour le rétablissement d’une voie en direction du nord-Isère. Mais surtout, cette option enfermerait le bourg de Pusignan dans un triangle ferroviaire (ligne TGV, LESLYS, et CFEL).

Vous pouvez télécharger la version complète du rapport au format pdf (60 pages, 3,1 Mo) sur le site de l’association ParFer. Il est extrêmement clair et bien rédigé. Si vous ne souhaitez pas le lire complètement, une très bonne synthèse de l’ensemble se trouve aux pages 44 à 47.

Cependant, le commissaire ne ferme pas complètement la porte à la réalisation du projet tel qu’envisagé par le Conseil Général et le consortium Rhônexpress principalement sous réserve que l’arrivée à l’aéroport s’affranchisse du passage à niveau dangereux, et que les ouvrages de franchissement de la nouvelle infrastructure soient implantés en concertation avec les agriculteurs.

Et c’est ainsi que le 1er février, le Conseil Général a délibéré et voté de manière assez surréaliste. Ainsi, le président du conseil a reproché au commissaire de ne pas avoir pris la mesure du projet LESLYS, qui est une liaison rapide avec l’aéroport. Il lui reproche de vouloir en faire une ligne de desserte du Nord-Isère. Or à aucun moment le commissaire enquêteur ne fait cette demande de desserte du Nord-Isère par LESLYS. Il souhaite juste que l’infrastructure soit commune entre les deux dessertes sur la plus longueur possible pour minimiser les coûts pour la collectivité et l’environnement. Sachant que le gain sur le temps de parcours attendu par le passage au sud de Pusignan au lieu du tracé du CFEL est estimé à… 45 secondes par les promoteurs de LESLYS.

Le Conseil Général a donc choisi de poursuivre dans la voie qu’il avait privilégiée, en prenant en compte les réserves impératives du commissaire enquêteur. Si quasiment toutes sont des ajustements marginaux, il en est une qui était insoluble de manière satisfaisante sans reprendre le tracé par le CFEL. Il s’agit de l’arrivée à l’aéroport. Ceci n’a pas arrêté le conseil, qui a donc choisi d’éloigner la station, et de la mettre sur le parvis de la gare TGV, à l’ouest de celle-ci soit à plus de 500 mètres de l’aérogare… Pratique quand on est chargé de bagages. Et c’est à ce moment-là que la séance du conseil sombre dans la tartufferie complète. Un élu de de l’opposition, Bernard Rivalta déplore que le nouvel emplacement prévu pour la station soit « Une erreur historique qui nous est imposée », car les passagers de LESLYS devront traverser toute la gare TGV pour rejoindre les terminaux. Or cette personne est présidente du SyTRAL, et en tant que tel a choisi sans complexe de faire traverser aux utilisateurs de la ligne T3 (et un jour de LESLYS et de T4) le hall surencombré de la gare de la Part-Dieu pour rejoindre les correspondances avec le reste du réseau de transport urbain. Comme on dit, l’hôpital, la charité et tout ça. Bref, les utilisateurs de LESLYS pourront traverser une gare à chaque bout de leur parcours l’une grâce au SyTRAL, l’autre grâce au Conseil Général, et ainsi perdre le temps qu’est sensé leur faire gagner la ligne.

Où le conseil général veut positionner la station de LESLYS à l'aéroport

Après ce vote, il revient finalement au préfet du Rhône de déclarer l’utilité publique ou non du projet du Conseil Général par arrêté. S’il refuse de déclarer l’utilité publique, le Conseil Général hurlera au loup et s’il la déclare, compte-tenu des éléments mis en évidence dans le rapport du commissaire enquêteur, sa décision sera attaquée au tribunal administratif par des associations avec d’importantes chances de succès. Il n’est cependant pas impossible que la délibération du Conseil Général soit en fait une manière de ne pas perdre la face en cette période électorale pour le renouvellement de la moitié des conseillers généraux.

À suivre dans les semaines et mois qui viennent…

sources : - Philippe Collaudin. LESLYS; Enquête préalable à : la déclaration d’utilité publique des travaux nécessaires à la réalisation du projet LESLYS, La mise en compatibilité des PLU de Pusignan, et de la Communauté Urbaine de Lyon pour la commune de Meyzieu. 12 janvier 2008.
- Le Progrès de Lyon du 2 février 2008.