Publié le 30-06-2008 à 22h09 (mis à jour le 25-07-2008 à 16h14.)
Samedi ont officiellement été lancé à Violay (Loire) par la Société des Autoroutes du Sud de la France les travaux de l’autoroute A89 (dite Lyon – Balbigny ou Bordeaux – Genève) devant un parterre de notables du Rhône et de la Loire. Cette cérémonie a permis de mesurer combien les « élites » sont encore intoxiquées par le « progrès » autoroutier… Comme si Pompidou était encore le Président de la République.
Ainsi, les sept orateurs qui se sont succédé à la tribune n’ont pas manqué de prédire les heureuses perspectives que ce chantier annonçait tant pour le Roannais et la Loire que pour l’ouest lyonnais. Ils ont aussi annoncé que cette infrastructure permettrait le désenclavement de l’arrondissement de Roanne. Sans oublier naturellement les chances de développement économique. Certains n’hésitant pas à mettre la charrue avant les bœufs et de voir pousser une zone d’activité à Tarare ou une zone logistique entre Balbigny et Feurs. Et encore, je ne parle même pas des envolées lyriques sur le tourisme.
Bref, une cérémonie qui nous ramène allègrement 30 ans en arrière, à l’époque du progrès automobile conquérant et triomphant. Alors que le cours du pétrole, moteur des transports de l’économie est au plus haut et que la crise économique menace, tout le monde a fait « comme si ». Comme si l’autoroute était un moteur de développement promis à un avenir brillant, alors que nul ne sait si à l’horizon de 10-15 ans l’usage de la voiture ne sera pas réservé aux plus riches, et si le transport routier ne sera pas une charge insupportable. Comme si l’autoroute apportait automatiquement un développement et ne contribuait pas parfois à déstructurer des territoires en modifiant brutalement la géographie des déplacements. Et surtout comme s’il n’existait pas une ligne de chemin de fer reliant Lyon à Roanne et Clermont-Ferrand qui attend depuis plus de 30 ans son électrification et son amélioration.
Parlons justement de cette ligne de chemin de fer, tant oubliée par nos hommes politiques qui se baladent en VelSatis. Son électrification ne semble plus à l’ordre du jour, même à long terme, car la SNCF semble privilégier désormais la création d’un itinéraire transversal électrifié entre Nevers et Chagny, qui aurait deux avantages. Le premier est d’éviter la rude rampe du col des Sauvages. Le second serait d’être mieux subventionné par les régions intéressées (ici, surtout la Bourgogne) Bref, le futur itinéraire fret entre la façade Atlantique et l’Est de la France semble bien parti pour éviter le Roannais qui risque donc bientôt de se sentir un peu… Enclavé au niveau ferroviaire. Mais ce n’est pas grave, puisque comme disait la pub : « Notre avenir passe par l’autoroute…» Celui des entreprises du BTP et des marchants de béton certainement. Celui du développement durable (le quoi !?) et de l’environnement, ça semble plus qu’improbable.
Source : Le Progrès de Lyon, édition du dimanche 29 juin 2008.