Publié le 20-08-2010 à 19h01
L’été est propice à l’exploration et au voyage. Ainsi, l’occasion était belle d’aller voir ailleurs comment fonctionnent les transports en commun. Cette année, ce sera l’Allemagne, en plusieurs étapes.
L’impression générale qui se dégage, au-delà du pur champ des transports, est celui d’une société apaisée, calme. Les gens sont visiblement beaucoup moins stressés qu’en France et cela se ressent très clairement dans les relations entre voyageurs, ou en cas de dysfonctionnement. La société allemande est aussi nettement moins militarisée que la société française. Ainsi, la police reste discrète et on ne vois pas l’armée parader toute quincaillerie dehors dans les gares… Mais peut-être est-ce du au fait que le sommet de l’État ne souffle pas là-bas sur les braises de la haine, du fanatisme et de la division… Le pays ayant chèrement payé ce genre de discours, il en connaît le prix.
Le réseau ferroviaire allemand est un peu l’opposé du français. Tout d’abord, même pour l’observateur le moins au fait de la chose ferroviaire, ce qui frappe en premier, c’est la taille des gares et leur organisation. Les emprises globales sont très largement dimensionnées, les quais, passages souterrains, bâtiments-voyageurs offrent de l’espace, même avec les nombreuses boutiques installées dans les gares importantes. Ces largesses sont générales, quelque soit l’ancienneté des installations. C’est certainement sur ce point que l’on mesure le plus les effets de l’implication des états allemands dans la construction du réseau. En France les compagnies privées qui ont construit le réseau avaient pour but de dépenser le moins possible, alors qu’en Allemagne les états voulaient que le réseau fonctionne le mieux possible. On a pu mesurer dès 1870 les impacts respectifs de ces deux conceptions…
Locomotive 181 220 de la DB en gare de Karlsruhe, juillet 2010.
De plus, on constate aussi rapidement combien la Deutsche Bahn gère son patrimoine foncier à long terme avec prudence. Ainsi, même si le chemin de fer utilise beaucoup moins d’espace qu’il y a quelques décennies, il est frappant de constater que de très importantes surfaces ont été conservées à l’état de friches ferroviaires en attente d’une éventuelle utilisation, même à proximité des centre-villes. On est bien loin de la valorisation financière immédiate par vente de terrains constructibles pratiquée ailleurs…
Toujours dans les gares, un français ne peut que constater la qualité des services offerts. Ainsi, même dans des bourgades reculées, on trouve un service désormais oublié par ici : la consigne automatique à bagages. Très pratique pour le touriste souhaitant visiter une ville sans être encombré par ses affaires… Mais bon, peu de pays ont un tourisme aussi développé que l’Allemagne, probablement…
Sur l’information des voyageurs, outre les afficheurs informatique sur les quais quasiment généralisés, la qualité est impressionnante d’efficacité… et de simplicité. Ainsi, seules les grandes gares ont un panneau électronique général de départ des trains, car l’essentiel des informations est portée par des affiches papier valables pendant toute la durée du service annuel. Pendant toute la durée du service annuel, un train circule dans le même horaire, s’arrête au même quai de la gare… Et possède une composition identique. Ces disposition, permise par la taille suffisante des gares, est très confortable pour le passager, puisqu’il sais de la préparation du voyage sur le site internet de la Deutsche Bahn où son train va s’arrêter dans la gare.
Quant aux distributeurs automatiques de billets, il en existe un seul modèle, installé presque dans tous les points d’arrêts, capable de vous vendre tous les types de billets possibles, vers toutes les destination, de vous donner l’horaire dont vous avez besoin et de l’imprimer… Pratique et terriblement efficace ! D’ailleurs sur la billetterie, le ticket sécurisé par un code barre 2D imprimé chez soi, s’il n’est pas la norme, est très développé, et certains voyageurs optent même pour le billet dématérialisé sur téléphone portable.
L’état des voies est stupéfiant, que ce soit sur les lignes principales ou secondaires. Le dressage est de très haut niveau et toute l’infrastructure est en excellent état. Ceci se ressent sur le comportement dynamique des trains (pas de roulis, peu d’à-coups sur les aiguilles…). L’état des voies des lignes secondaires est absolument saisissant, avec un armement lourd (longs rails soudés, traverses béton ou métalliques en Y, lit de ballast épais et large.) Ceci alors que parfois la signalisation reste assurée par des cibles mécaniques et que certaines petites gares ont encore un poste d’aiguillage en service à chaque extrémité. Le prix à payer est naturellement la présence de nombreux chantiers sur lesquels la DB communique largement et avec humour avec sa mascotte dédiée, aussi bien en gare, dans les trains, que par internet.
Affiche de la DB en gare de Stuttgart annonçant les moyens de se renseigner sur les travaux de voies sur le réseau, juillet 2010.
En train, que dire, sinon que les rames sont en bon état et les espaces intérieurs propres et bien entretenus, aussi bien pour les ICE que les régio express, aussi bien aussi sur la DB que sur Véolia Saxe-Anhalt. Concernant les réservations, en dehors de certains trains de nuit, elle n’est pas obligatoire et relativement peu pratiquée, même sur les ICE. Ceux-ci disposent d’ailleurs d’un système de gestion ingénieux, avec des afficheurs au niveau de chaque siège indiquant entre quels gares il y a une réservation. Ces afficheurs sont reliés en temps réel au central de réservation, ce qui permet d’afficher les réservations, même faites après le départ du train. Quelques minutes après le passage de la gare de début de réservation, celle-ci disparaît de l’afficheur. En effet, à ce moment, soit la personne occupe la place qu’elle a retenu, soit elle n’y est pas et donc la place est ouverte au libre placement.
Enfin, les services offerts aux voyageurs par la Deutsche Bahn ne se limitent pas au train et services connexes. Elle loue notamment des vélos en ville avec le système Call a Bike…
Station de location de vélos de la DB à Stuttgart, juillet 2010.
À suivre…