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Contribution à l’enquête publique « prolongement de T2 à Chassieu-René Cassin »

Publié le 30-01-2013 à 17h46

Dans le cadre de l’enquête publique en cours entre le 27 décembre 2012 au jeudi 31 janvier 2013 sur le « prolongement de T2 à Chassieu-René Cassin », voici la contribution de Ferro-Lyon.net déposée sur le registre au siège du SyTRAL :

Remarques préliminaires

Tout d’abord, il est regrettable que le dossier n’ait pas été consultable par internet. Le nombre de page du document et sa complexité demandant un temps d’étude important pour construire une contribution argumentée et pertinente, cette publicité restreinte (bien que légale) est un handicap.

De plus, j’ai fait une demande le 31 décembre 2012 par le biais du formulaire de contact du site internet du sytral (http://www.sytral.fr) pour bénéficier des dispositions du dernier alinéa de l’article R. 123-9 du code de l’environnement qui stipule « Toute personne peut, sur sa demande et à ses frais, obtenir communication du dossier d’enquête publique auprès de l’autorité compétente pour ouvrir et organiser l’enquête dès la publication de l’arrêté d’ouverture de l’enquête. » Or mon message est resté strictement sans réponse. N’ayant pas effectué ma demande par lettre recommandée, je ne peux pas prouver le non respect des dispositions de cet article du code de l’environnement. Néanmoins, il me semble que ce fait devait être porté à la connaissance de la commission d’enquête.

Remarques sur le projet

Ce projet de prolongement de la ligne T2 (ou T5, on ne sait plus trop. Les appellations sont totalement illisibles et incompréhensibles pour le commun des mortels) à Chassieu interroge sur plusieurs points.

L’intérêt global du projet pour la structuration du réseau est loin de sauter aux yeux. Ce prolongement s’inscrit dans un secteur d’urbanisation peu dense de l’agglomération, et difficilement densifiable notamment pour du logement du fait de la proximité de l’aéroport de Bron. Son potentiel en terme de nombre de passagers ne peut donc qu’être et demeurer modeste à long terme. C’est probablement pour cela que le plan de déplacements urbains de l’agglomération n’a pas prévu sa réalisation.

Or dans le même temps, des lignes de transports en commun de l’agglomération sont nettement surchargées, au point de constituer un repoussoir pour les personnes qui peuvent les éviter. On peut citer les lignes de métro D ou encore la « fameuse » ligne de trolleybus C3 qui craque sous la charge de ses plus de 55 000 passagers par jour. On peut donc légitimement s’interroger, face à ces besoins criants qui restent insatisfaits, sur non seulement l’urgence, mais aussi sur la nécessité de réaliser un tronçon entre Eurexpo et l’entrée ouest de Chassieu qui ne devrait drainer que quelques centaines de personnes quotidiennement. Un tel flux ne relève pas de la capacité de transports d’une ligne de tramway qui se chiffre en millier de places par heure, mais plutôt d’une ligne de bus cadencée au mieux toutes les 15 minutes en heure de pointe.

C’est d’autant plus vrai que le tracé de la ligne ne répond à aucune logique, en faisant un grand détour, et évitant délibérément les générateurs de trafic quotidiens. Ainsi, le contournement d’Eurexpo par le sud rend les temps de parcours totalement dissuasifs pour rejoindre le centre de Lyon. Les habitants de Chassieu auront donc toujours intérêt à se rabattre sur la ligne T3, qui passe certes à l’écart de leur commune, mais dont la rapidité est et demeurera incomparablement plus grande. De plus, ce même passage au sud d’Eurexpo empêche toute desserte du centre commercial des Sept-Chemins, aussi bien depuis Bron, que depuis Chassieu. Or il suffit de voir la fréquentation de la station Porte des Alpes sur la ligne T2 actuellement en service pour comprendre combien un pôle commercial est générateur de trafic pour une ligne de transports urbains. Il sera donc nécessaire de maintenir des lignes de bus pour desservir ce pôle commercial, et ces lignes viendront encore réduire l’attractivité de la ligne, tout en demeurant elles-mêmes peu attractives, car considérées par le SyTRAL comme des axes secondaires et donc pourvues de fréquences faibles.

Si encore le tracé avait assuré la desserte d’un générateur de trafic significatif, il aurait pu avoir du sens, mais ce prolongement restera en marge des secteurs habités, et ne fera que frôler une zone d’activité sans réellement la desservir. La station Eurexpo 2 (ou Chassieu – ZI Mi-Plaine) n’aura visiblement qu’une fréquentation symbolique, et le SyTRAL en a visiblement conscience, puisqu’il est prévu que la surface du parking associé à la station sera traité non en enrobé comme les autres parkings relais, mais en stabilisé. On se demande d’ailleurs vers quoi ce parking permettra le relais. Il est à l’écart des zones d’habitat, et des axes qui y mènent.

En conséquence, ce prolongement ne semble pas destiné à desservir Chassieu. En revanche, si l’on regarde plus au nord, on voit un stade en construction, dont les spectateurs utiliseront quelques soirs par an les parkings d’Eurexpo. Ce simple fait permet de comprendre que ce prolongement n’est que la première étape d’un prolongement vers le nord et le secteur du Montout à Décines-Charpieu qui permettra de relier les parkings d’Eurexpo au stade. Cependant, ces deux équipements étant privés ou concédés à des sociétés privées, est-ce à la collectivité publique de payer une desserte entre les deux, au détriment de l’amélioration et du renforcement d’axes surchargés ? Il me semble que c’est aux entreprises qui font le choix d’implanter leurs équipements au milieu d’endroits mal desservis de financer leur desserte et de se raccorder à leurs frais aux axes structurants du réseau de transports publics.

Conclusion

Le projet présenté d’extension de la ligne T2 ne répond pas aux besoins de liaison entre Chassieu et les différents pôles de l’agglomération lyonnaise, y compris les pôles commerciaux de proximité que la ligne ne dessert pas. Sa création vient consommer sans démontrer un quelconque intérêt, des fonds publics dont d’autres lignes de transports publics de l’agglomération ont cruellement besoin.

Ce prolongement ne semble s’inscrire uniquement, malgré les dénégations du dossier que dans la réponse d’un intérêt particulier, pour assurer à moyen terme une liaison entre le futur stade de Décines, et les parkings d’Eurexpo nécessaire à son exploitation. Or cet intérêt particulier doit satisfaire ses besoins avec ses propres moyens financiers, et non en détournant l’agent de la collectivité indispensable à d’autres opération d’amélioration du réseau.

Le projet présenté ne semble pas devoir mériter le statut d’utilité publique. L’utilité publique ne pourrait très éventuellement se justifier qu’à deux conditions impératives :

  • Que le tracé de la ligne passe par le générateur de trafic de proximité que représente le centre commercial des Sept Chemins, et puisse ainsi partiellement justifier de la capacité de transport en nombre de passagers d’un tramway sur cet axe ;
  • Que les lignes les plus surchargées de l’agglomération (métro D et ligne C3, notamment) aient pu bénéficier auparavant d’améliorations à même de réduire leur surcharge chronique et d’améliorer leur régularité avant toute construction de cette extension.

En conséquence, j’émets un avis défavorable sur le dossier soumis au public lors de cette enquête préalable, et demande que le SyTRAL retire son projet.