Ferro-Lyon

Suite à l’enquête préalable à la déclaration d’utilité publique sur le de Prolongement de T2 à Chassieu-René Cassin qui s’est tenue du 27 décembre 2012 au 31 janvier 2013, le commissaire enquêteur vient de rendre son rapport. Ce rapport contient un avis défavorable.

Le commissaire enquêteur a basé son avis sur le fait que le projet ne répond que très partiellement aux objectifs avancés, à savoir :

• qu’une faible partie de la population de la commune de Chassieu est réellement desservie par le tracé proposé, le terminus R. Cassin se situant à l’extrémité ouest et à environ 1 kilomètre du centre, ce qui nécessitera l’usage d’un deuxième moyen de locomotion, rendant par là même dissuasive l’utilisation du tram ;
• que la desserte de la ZI de Mi-Plaine n’est également que très partiellement réalisée puisqu’environ seulement 1 200 emplois sur les 20 000 se situent à moins de 500 mètres à vol d’oiseau de l’arrêt Mi-Plaine, en bout de l’avenue Blériot, ceci nécessitant le maintien de la navette bus ZI5 qui traverse la zone ;
• que l’objectif d’accroître l’intermodalité est possible par la création d’un parc relais voitures de 250 à 500 places à Mi-Plaine, mais que son usage reste à démontrer, compte-tenu des temps de parcours dissuasifs et de correspondances nécessaires pour gagner le centre de Lyon.
• que le projet, qui n’est pas inscrit au PDU établi en 2005, de par le choix délibéré de desservir le rond-point R. Cassin, prend une option sur de futurs prolongements en condamnant toute desserte vers le centre et l’est de Chassieu et au-delà Genas ;
• que si l’intention du SyTRAL est à l’avenir de prolonger la ligne vers le nord pour la relier à T3 et desservir l’éventuel futur Grand Stade, comme certains écrits le laissent entendre, il aurait fallu que le dossier contienne certains développements à ce sujet afin de respecter le code de l’environnement sur la notion de programme. Ceci figure d’ailleurs en page 3 §2 de l’avis de l’autorité environnementale en date du 29/11/2012 sur le dossier ;
• que la fréquentation prévue apparaît faible par rapport aux moyens mis en œuvre, ce qui se traduit pour le projet par un taux de rentabilité interne (TRI) de 4,9% proche de la limite inférieure admissible et un taux de rentabilité immédiat de 3,2% bien inférieur à ceux des autres projets ou réalisations du SyTRAL dont le TRI est supérieur à 7%. Ce taux de 4,9% est le taux corrigé après la prise en compte d’une omission sur les km supplémentaires de tram estimés dans le dossier à 123 000 km, alors qu’en réalité ce supplément est de 200 000 km, mais ce chiffre de 4,9 ne tient pas compte dans les investissements des rénovations indispensables sur une durée de vie de 50 ans. Le chiffre réel est donc inférieur. On peut ajouter que le déficit annuel d’exploitation du SyTRAL après correction des km sera de 950 000 euros pour 470 000 déplacements supplémentaires, soit 2 euros/déplacement avec un ratio marginal de recettes/dépenses de 27% ;
• qu’aucune étude plus approfondie des différentes hypothèses de tracés, ni de mise en place de navettes complémentaires n’apparaît dans le dossier d’enquête, malgré les critiques et les propositions faites en phase de concertation qui montrait que 70% des observations étaient contre le projet proposé, et non 68% d’opinions favorables comme l’indique de manière partisane le rapport de synthèse de cette concertation.

Cet avis est une volée de bois vert et sanctionne un projet présenté de façon insincère. Même si les élus peuvent passer outre cet avis, c’est néanmoins un coup dur qui fragilise fortement au plan juridique la procédure. Ceci d’autant qu’en septembre 2011, le premier tronçon de T5 entre Les-Alizés et Eurexpo avait déjà fait à l’époque l’objet d’un avis défavorable du commissaire enquêteur. Or pendant que l’argent file dans ces extensions dont l’objectif inavoué (non énoncé dans le dossier d’enquête), mais connu de tous : participer à la desserte du projet OL-Land depuis le sud-est de l’agglomération, les dessertes ayant des besoins criants sont sacrifiées… Est-il nécessaire d’évoquer la ligne C3 pour laquelle la concertation débute dans 5 jours autour d’un projet fait de bouts de ficelles, alors qu’elle transporte dès maintenant tous les jours cinquante fois plus de personnes que ce que peut espérer le prolongement de T5 à Chassieu tel qu’il est prévu…

Sources : Lyon Capitale. Fournier Fabien. Tramway à Chassieu : avis négatif du commissaire enquêteur. Publié le 8 avril 2013.
Rapport du commissaire enquêteur daté du 22 février 2013.