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Non à la fermeture de la ligne de Nice à Digne !

Publié le 26-02-2014 à 19h25 (mis à jour le 05-03-2014 à 19h49.)

Signez la Pétition en ligne pour sauver les chemins de fer de Provence !

Il y a 20 ans, le 5 novembre 1994, une crue du Var et de ses affluents d’une ampleur exceptionnelle a causé d’immenses dégâts dans les vallées des Alpes-de-Haute-Provence et des Alpes-Maritimes. Les chemins de fer de Provence et leur ligne de Nice à Digne connaissaient alors les pires destructions de leur existence plus que centenaire. La voie avait été emportée sur plusieurs kilomètres, de nombreux ouvrages d’art étaient détruits, dont le pont de Gueydan. Dans le secteur de la Blanquerie, en aval de Puget-Théniers, le remblai supportant la voie a été englouti sur plusieurs centaines de mètres par les eaux en furie. Au lendemain des inondations, personne ne donnait cher de la pérennité de la ligne, dont l’entretien était largement négligé depuis des décennies. Certains élus ont même cru que leur rêve allait se réaliser : On allait pouvoir utiliser la plate-forme ferroviaire pour élargir la route nationale 202 (elle aussi alors en piteux état) et potentiellement la mettre à deux fois deux voies… Mais les habitants des vallées, attachées à leur terre et à leur train ne l’ont pas entendu de cette oreille. Des manifestations ont eu lieu, des pétitions ont été envoyées au Premier Ministre… Face à la pression, mètre après mètre, les rails ont été reposés. L’armée a même offert pour le pont de Gueydan un tablier qui prenait la poussière dans l’un de ses entrepôts et a assuré sa pose. Le rétablissement de ce pont a permis de remettre en service la totalité de la ligne le 25 avril 1996. Cette réouverture a été le prélude à une remise à niveau complète de l’installation qui a démarré doucement, jusqu’à ce que la région Provence – Alpes – Côte d’Azur se substitue au Syndicat Mixte Méditerranée Alpes pour la concession de de la ligne le 1er janvier 2007. Les travaux se sont alors nettement accélérés, et tant l’infrastructure que le matériel roulant ont connus une cure de jouvence.

Autorail n° X305 ou X306 quittant la gare d’Entrevaux

Autorail n° X305 ou X306 quittant la gare d’Entrevaux en direction de Digne le 20 juillet 2008.

Le 8 février 2014, le train n°3, composé de l’autorail n°X801-802, à destination de Digne est heurté de plein fouet par un rocher d’une vingtaine de tonnes qui s’est détaché des pentes au-dessus de la voie au point kilométrique 74, à proximité de Saint-Benoît. La caisse de tête touchée dans sa partie central déraille et bascule sur le talus en contrebas. La deuxième caisse reste sur la plate-forme de la voie, mais se couche du côté du précipice. L’attelage rigide entre les deux caisses retient la voiture de tête et l’empêche d’aller s’écraser sur la route nationale 202 en contrebas. Toutefois, le bilan est très lourd : Deux passagères ont été tués par l’impact du rocher.

Si cette chute de rocher a eu un bilan tout à fait tragique, elle n’est qu’une parmi d’innombrables. Les routes (et voies ferrées) des Alpes-de-Haute-Provence et des Alpes-Maritimes voient régulièrement des rochers descendre sur leur plate-forme. Le plus souvent, il n’y a personne en dessous. Parfois, les dégâts sur les véhicules ne sont que matériels et parfois (rarement, heureusement !) ce sont des accidents mortels. Ce risque hélas bien connu dans ces régions, et qui concerne des dizaines de kilomètres de voies de communication, Madame le Préfet des Alpes-de-Haute-Provence a décidé qu’il n’était pas acceptable sur la commune de Saint-Benoît sur une longueur d’environ 300 mètres, à l’endroit où a eu lieu l’accident. Ainsi, pour la réouverture de la route nationale 202, elle réclame :

  • La construction d’un mur de 6 m de haut juste au dessus de la route, au droit de la chute du rocher, protégé côté montagne par une couverture de pneus et côté vallée par un remblai ;
  • Le démontage sur 300 mètres de la voie ferrée située 20 mètres au-dessus pour constituer l’assise d’un merlon destinée à protéger le mur de protection de la route.

Ce dispositif est sensé permettre de rouvrir la route nationale 202 à la circulation (avec un alternat, vu que le mur et ses remblais occupent beaucoup de place) en toute sécurité… Mais il condamne (définitivement ?) la voie ferrée. Ceci d’autant que les travaux de sécurisation de la voie ferrée ne sont visiblement pas envisagés par le Préfet à ce jour. Pourtant les usagers des transports publics ont tout autant le droit – sinon plus dans le cadre du développement durable – à des desserte de qualité que les utilisateurs de véhicules particuliers. De plus, si la fermeture de la ligne se poursuivait jusqu’à l’été, ce serait dramatique pour l’économie des vallées. Enfin, on peut se demander si cette décision de « principe de précaution » maximal n’est pas instrumentalisée politiquement à un an des élection régionales… Nul doute que si la ligne n’est pas rouverte avant les élections, l’opposition aura un argument en or pour déployer ses combines politiciennes en brodant sur l’argent gaspillé par l’exécutif pour un train qui ne roule pas.

Il convient donc, comme il y a vingt ans, de se mobiliser pour sauver une nouvelle fois cette ligne de ceux qui tentent à nouveau de la tuer. Le président du conseil régional Provence – Alpes – Côte d’Azur a adressé au Préfet des Alpes-de-Haute-Provence une lettre demandant une réouverture au plus vite de la ligne le 21 février 2014. Aujourd’hui, 26 février 2014 a eu lieu à Digne un rassemblement devant la préfecture. Dans le même temps, le président de la régie régionale des transports a alerté le Préfet de l’urgence à remettre en service la ligne, non seulement pour les territoires traversés, leur activité économique, mais aussi pour assurer la pérennité financière de la régie.

Il faut donc que l’ensemble des amis du chemin de fer se mobilisent en écrivant à Madame le Préfet des Alpes-de-Haute-Provence, pour réclamer la sécurisation et la remise en service rapide de la totalité de la ligne de Nice à Digne.

Sauvons la ligne de Nice à Digne !
Oui aux travaux de sécurisation simultanés de la voie ferrée et de la route !
Non à la fermeture du chemin de fer !

Autorail n° X 803-804 en gare de Saint-André-les-Alpes

Autorail n° X 803-804 en gare de Saint-André-les-Alpes en direction de Digne le 21 juillet 2013.

Mise à jour du 5 mars 2014 : Signez la Pétition en ligne pour sauver les chemins de fer de Provence !

Sources : Messages d’information du Groupe d’études pour les chemins de fer de Provence (GECP)
Blog de Jean Yves Petit - Vice Président du conseil régional Provence – Alpes – Côte d’Azur.