Ferro-Lyon

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Un jeu de DUP

Publié le 24-07-2008 à 16h41

Ce mois de juillet aura été particulièrement fertile sur le plan des décisions administratives concernant les projets de nouvelles infrastructures autour de l’agglomération. Ainsi, deux déclarations d’utilité publique ont été prononcées. L’une pour l’autoroute de Lyon à Saint-Étienne (dite A45), et l’autre concernant LESLYS.

Si la première est une ineptie sans nom sur le fond à une époque où l’on nous rebat les oreilles avec le « développement du râble » (ça doit concerner les lapins… et avec tout ce qu’on leur met dans le derrière, ils vont effectivement avoir le râble bien développé), la seconde est stupide sur la forme.

L’A45

La DUP de l’A45, signée par le Ministre de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement Durable et de l’Aménagement du Territoire (ouf !), est une mauvaise nouvelle pour l’agglomération lyonnaise. En effet, cette infrastructure va venir déverser son flot sur l’autoroute A7 au niveau de Pierre-Bénite. On peut donc s’attendre à une congestion accrue qui va s’étendre de ce secteur au tunnel de Fourvière.

Si la circulation engendrée par cette infrastructure devait entraîner une thrombose de la circulation dans le sud-ouest de l’agglomération et la Presqu’île, nul doute que la solution qui serait retenue pour résoudre cette difficulté ne serait certainement pas la construction d’une nouvelle infrastructure, mais bien plutôt une rétention artificielle au niveau du péage de cette nouvelle autoroute.

En attendant, tous les notables de la Loire se sont félicités d’être « désenclavés »… C’est sûr, grâce à cette future autoroute, les VelSatis à gyrophare devraient bien gagner 15-20 minutes sur le trajet Saint-Étienne-Lyon en roulant à 180 km/h sur la bande d’arrêt d’urgence… Par contre les utilisateurs des lignes de transports publics parallèles, eux, sont une nouvelle fois sacrifiés. Les sommes jetés par les fenêtres pour construire cette infrastructure ne serviront ni à accélérer les trains, chaque jours plus chargés, entre Lyon et Saint-Étienne, ni à augmenter le débit de la deuxième plus ancienne ligne de France. En matière d’autoroute, la Loire sera peut-être bientôt dans le peloton de tête des départements en matière de longueur par tête d’habitant. Ceci fera une belle jambe auxdits habitants et aux entreprises si le prix des carburants continue sa progression et que le département ne dispose que de transports publics et de transports de marchandises par rail dignes du tiers-monde.

LESLYS

La DUP de LESLYS a été signée par le préfet du Rhône, il y a quelques jours. Comme je l’avais indiqué précédemment, le rapport du commissaire enquêteur avait été particulièrement réservé. Le Conseil Général du Rhône (autorité concédante) a bien pris en compte les remarques liées à la sécurité de l’arrivée sur l’aéroport, au prix d’un éloignement considérable par rapport à l’aérogare du terminus de LESLYS (500 mètres, partiellement pourvus de tapis roulants). Cette distance qui s’ajoute – ne l’oublions pas – à celle à franchir à la Part-Dieu, risque de plomber lourdement le succès de cette liaison. Une arrivée en souterrain ou en viaduc à proximité des aérogares, certes plus coûteuse aurait été probablement bien plus judicieuse… Enfin bon, peut-être qu’après quelques années d’exploitation, cette hypothèse finira par s’imposer. Comme on dit « faire et défaire, c’est toujours travailler », surtout quand c’est la collectivité qui paye. Plus les handicaps sont multipliés pour cette liaison, plus un scénario à la Orlyval (faillite du concessionnaire due à la faiblesse des recettes après une courte durée d’exploitation avec rachat de l’infrastructure et des équipements par l’autorité concédante) devient crédible… Avec toutes les conséquences que cela impliquera pour le Conseil Général et les impôts locaux.

En revanche, le Conseil Général a choisi (et le Préfet a avalisé la chose) de ne pas remettre en cause le passage de la voie ferrée de LESLYS par le sud de Pusignan. Soulignons une nouvelle fois l’absurdité de ce choix. Outre le morcellement d’un espace agricole et d’une ZNIEFF en incompatibilité totale avec la DTA de l’agglomération lyonnaise, ce qui fragilise terriblement cette déclaration d’Utilité Publique sur le plan juridique, il rend plus difficile le prolongement de T3/LEA. Pour faire simple et compréhensible, si LESLYS suivait le tracé de l’ancien CFEL (par le nord de Pusignan), il serait beaucoup plus facile de prolonger la ligne T3 jusqu’à Pusignan. En effet, il suffirait, pour ce faire, de prévoir lors de la création de LESLYS un endroit où la plateforme s’élargit pour permettre l’implantation d’une station avec des voies séparées… Cette station serait alors créée moyennant un coût et un délai de réalisation (3 à 6 mois) sans commune mesure avec ce qu’il faudrait prévoir pour la même desserte si LESLYS passe à travers champs au sud du village. (repose des voies sur l’emprise du CFEL sur plus d’un kilomètre, et procédures administratives lourdes, soit facilement 2 à 3 ans d’études et de travaux) Certes, à ce jour l’hypothèse de ce prolongement de T3 peut sembler lointaine, car il est plus ou moins lié à l’adhésion de la CCEL (Communauté de Communes de l’Est Lyonnais, dont fait partie Pusignan) au SyTRAL… Cependant, cette décision peut arriver rapidement si la pression des populations du secteur sur leurs élus pour l’amélioration des dessertes en transports en commun augmente. On ne peut donc que constater la cécité du Conseil Général, qui n’a aucune vision de l’avenir, même à brève échéance, mais fait ses choix au fil de l’eau… Alors que ses options engagent aussi le SyTRAL… qu’il finance et où il est représenté au conseil d’administration !

Bref, tant l’A45 que LESLYS semblent lancées… Sauf recours motivé toujours possible devant le tribunal administratif dans les deux mois suivant la signature du décret ou de l’arrêté de déclaration d’Utilité Publique… On saura bientôt si le choix de signer ces documents en plein été aura été le bon pour éviter les difficultés judiciaires…

Notons que les promoteurs de LESLYS et le consortium Rhônexpress annoncent une mise en service fin 2009, ce qui semble pour le moins optimiste. Compte-tenu des délais de réalisation et des procédures administratives, un démarrage de l’exploitation entre la fin du premier et de début du deuxième semestre 2010 semble largement plus réaliste.

Source : Site internet de Lyon Capitale.